Us et coutumes du carnaval
Le carnaval de Dunkerque est l’ensemble des festivités qui ont lieu dans l’agglomération dunkerquoise.
Articulé autour de mardi gras, les dates des bals et des bandes changent légèrement chaque année. L'ouverture "officielle" du carnaval de Dunkerque se fait généralement avec le Bal du Chat Noir et il se termine avec le Bal du Printemps.
Pour les bals, cette année, les festivités commencent le 22 janvier par le bal des Neuchès Cô à UXEM et se terminent par le bal des Steckebeilles de Ghyvelde. Les bandes, elles, débutent dès le 30 janvier par celle de Ghyvelde et se finissent le 17 avril par celle de PITGAM.
1 - Origines
Les origines du carnaval dunkerquois remontent au début du XVII e siècle. Les armateurs offraient aux marins-pêcheurs avant de partir pour 6 mois de pêche à la morue en Islande, un repas et une fête (la «foye»), ainsi que la moitié de leur solde. Beaucoup d'entre eux ne revenaient pas toucher l'autre moitié de leur solde (perdus en mer, naufrage...) laissant femmes et enfants sans rien.
De la foye naîtra la « Visshersbende » (bande des pêcheurs en flamand). Elle se déroulait à l'origine entre le lundi gras et le mercredi des cendres.
On distingue :
w la bande : elle est composée du tambour-major, de la clique (la musique) et des carnavaleux. Le tambour-major dirige la musique et choisit le parcours. Lorsque les fifres jouent, les carnavaleux avancent en marchant .
Lorsque les trompettes jouent, alors a lieu un chahut. Les premières lignes ont pour but de retenir les carnavaleux, organisés eux aussi en lignes, poussant de bon cœur.
Durant quatre heures, comme une vague, la « visscherbende » (la bande) déferle sur la ville.
Vue de la bande de Bergues depuis la Mairie
w les bals : les carnavaleux se retrouvent la nuit, dans les grandes salles de l'agglomération pour faire la fête en mêlant chansons carnavalesques et musique contemporaine. Ces bals sont organisés en règle générale par des associations (les corsaires, les Creut’ches…). Les plus connus d'entre eux se déroulent au Kursaal à Malo les bains. Il existe aussi des bals pour enfants.
Le tambour-major
Le tambour-major, toujours revêtu de son costume de grognard napoléonien, conduit la musique, il décide de l’endroit des chahuts ainsi que des arrêts de la bande.
Il est à la tête d’une soixantaine de musiciens vêtus du ciré et du suroît jaune des pêcheurs.
Le plus célèbre reste Cô Pinard II qui laissa beaucoup de carnavaleux orphelins après sa mort. Une rue dans le quartier de la citadelle lui est dédiée laissant à chacun la possibilité de le fêter lors de la bande du même nom.
Une chanson lui a été dédiée (bras tendus vers le haut, main dans la main, les carnavaleux entonnent 3 fois cet Hymne, repris systématique à tous les bals).
Les paroles :
Salut à Cô-Pinard, salut à ta mémoire
Là-haut, tout près d'Jean Bart, c'est ta gloire,
Le déguisement « clet’che »
Le carnaval est l’occasion de se défouler et de laisser libre cours à son imagination. C’est pourquoi les carnavaleux rivalisent d’ingéniosité pour la confection de leur clet’che, autrement dit de leur déguisement. La majorité des hommes se déguisent en femmes et pour cela adoptent perruques, jupes bas-résilles, bijoux, faux-cils, maquillage, chapeaux à fleurs. Ils ont avec eux un grand parapluie appelé " le Berguenaere ou Berguenard " pour se moquer des habitants de Bergues qui venaient autrefois assister au carnaval avec leurs parapluies. ( On se demande pourquoi …. il ne pleut jamais dans le nord !! ).
Jet de harengs
À la bande de Dunkerque, les carnavaleux s’arrêtent toujours devant l’hôtel de ville où le maire et son conseil municipal lancent des harengs enveloppés. Au sommet du jet de harengs, le maire lance un homard en plastique. Le carnavaleux chanceux qui l’attrape peut ensuite l’échanger contre un vrai.
Chaque bande a son jet de harengs, cependant celui de la bande de Bergues est différent puisque les harengs sont remplacés par du fromage de Bergues.
Le Figueman et l'Intrigue
Le Figueman est très répandu dans la bande. Il l'accompagne, masqué et grimé afin de se rendre méconnaissable, et armé de son bâton au bout duquel pend une chaussette malodorante, une araignée ou un poisson, accrochés par une ficelle. Ces objets ont remplacé la figue d'où il tire son nom au début du siècle. Le Figueman pratique l'Intrigue. En contrefaisant sa voix, il taquine les spectateurs et les carnavaleux, bien souvent des gens qu'il connaît bien. Le jeu est alors de découvrir qui se cache derrière l'intrigant.
Les chapelles
Pendant les bandes, les habitants des quartiers concernés ouvrent leurs portes aux carnavaleux qu’ils connaissent. Ils y trouvent à boire et manger, de la musique, pour une ambiance très conviviale. Il faut souvent connaître un mot de passe pour pouvoir rentrer dans une chapelle, les invitations se font selon la réputation du carnavaleux, s'il est respectueux, fêtard et toujours prêt à chanter !
à Fredo et à Maryline de Zuydcoote
Rigodon final
À la fin de la bande, la musique se place sur un podium autour duquel les carnavaleux entament le rigodon final pendant une heure sur tous les airs de Carnaval. Les carnavaleux sont écrasés les uns contre les autres pendant tout le rigodon, même pendant les chansons ne provoquant pas habituellement de chahut et autre « tien bon d'ssus ». À la fin du rigodon les carnavaleux entament l’hymne à Co-Pinard, en souvenir du regretté Tambour-Major, et la Cantate à Jean Bart, en hommage au corsaire dunkerquois. Le rigodon final a lieu sur toutes les places principales des villes et villages lors de bandes.
Amateur de carnaval ou non, cet hymne est très émouvant et reste un des temps fort du carnaval.
Parole de la Cantate à Jean BART
Jean Bart, salut, salut à ta mémoire
De tes exploits, tu remplis l'univers ;
Ton seul aspect commandait la victoire,
Et sans rival tu régnas sur les mers.
Jusqu'au tombeau France Mère adorée,
Jaloux et fiers d'imiter sa valeur,
Nous défendrons ta bannière sacrée,
Sur l'océan qui fut son champ d'honneur. (bis)
Jean Bart, Jean Bart, la voix de la patrie
Redit ta gloire et ton nom immortel
Et la cité qui te donna la vie
Erigera ta statue en autel (bis)
Enfant du peuple, il conquit sa noblesse
Par son épée… ô glorieux destin.
Et cette épée, aux jours de la détresse,
Sauva la France, en lui donnant du pain.
Un feu sublime, embrasait son courage ;
La hache au poing, affrontant le trépas,
Il s'élançait, terrible à l'abordage,
Tel un lion au milieu des combats. (bis)
Découvrons-nous, sculpté par le génie
Jean Bart revit dans ce bronze éloquent.
Et toi qui fus l'idole de sa vie,
Son glaive encore, ô France ! te défend
Si l'ennemi qui pâlit à sa vue,
Dans son délire osait nous outrager,
Du piédestal, qui porte sa statue
Il descendrait armé pour nous venger. (bis)